Hélène Martin ne chante pas pour passer le temps, mais pour dessiner sur le givre de nos jours les floraisons des poètes qu’elle a tant servies et tant aimées.
Et ces airs qu’on ne pouvait entendre sans elle, « sans que le cœur battît et que le sang fût en feu, sans que le feu reprît comme un cœur sous la cendre et l’on savait enfin pourquoi le ciel est bleu » (Aragon, Santa Espina), ces airs découverts au travers de sa voix de feu sont encore en nous et ne pourront s’éteindre, tant ils nous étreignent.
Dans un monde précaire, poignardé par l’insignifiance Hélène Martin nous a dit l’essentiel. Elle vint très tôt à notre rencontre, dès 1967, par quelques textes à jamais gravés dans nos écorces : Le condamné à mort de Jean Genet, Le feu de Louis Aragon sont devenus nos étoiles qui fleurissent notre rosée.
Elle a ouvert les portes de la poésie a beaucoup, et son enregistrement culte « Hélène Martin chante les poètes chez Adés de 1980 nous a mis en amitié et en amour « à perdre la raison », en sus d’Aragon et Genet avec Pablo Neruda, Lucienne Desnoues, Jules Supervielle, Louise Labé, Philippe Soupault… Sa voix chaude, ses musiques habits de pluie pour les mots des autres ont rendu sonores leurs mots.
En ce temps-là la poésie était terre étrangère et la chanson à textes, un avatar particulier, que l’on tenait cachée dans les combles de l’indifférence, car tout devait être divertissement.
Hélène Martin et sa guitare ont pris les mots par la main et le printemps redevenait possible.
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