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dimanche, 03 mai 2020
Libé - Mort d'Idir : le peuple kabyle sans voix
Qui n’a jamais vu Idir en scène ne peut s’imaginer la ferveur de son public, de ces femmes et filles et de leurs youyous qui éclatent de partout, comme les plus belles fusées d’un feu d’artifice, de ces vagues de bonheur, du regard des gens, de leur sourire. De cette tendresse dont l’épicentre est en scène : ce monsieur à l’allure banale, qui vous rassure, vous enchante de ses petites chansons, chaque fois « trois minutes de voyages, de rêve et d’utilité si on y arrive ». Des chansons qui, à elles seules, formaient le chant majeur d’Idir, somme de simplicité et d’émotion, d’inspirations traditionnelles et de respirations. Qui nous restituaient les joies et les peines, la vie quotidienne des femmes, les désirs frustrés, la calebasse saccadée qui rythme la tête et le cœur. Idir ne nous chantait que son pays, en tristesse belle mais en tristesse quand même. Des chansons douces comme quand on berce un enfant, qu’on le console et qu’on lui donne la force d’affronter l’avenir. Le public était son « métal précieux » qui par lui retrouvait l’ambiance de là-bas, le sel de la fête, le sucre de la douceur. Nul n’avait besoin d’être natif de Tizi-Ouzou pour vivre, le temps d’un concert, la fierté d’être kabyle, d’une culture minoritaire mais fière, qui s’emploie à se frotter à d’autres vents, à joindre à elle d’autres racines dans une rare évidence musicale : « Ça, c’est une flûte irlandaise. J’y fais de la musique kabyle dessus : c’est une forme d’intégration ».
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