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« Nos Enchanteurs - Liz Van Deuq, la séduction d’une colère douce | Page d'accueil | L'album de la semaine : Alain Bashung, En amont »

jeudi, 29 novembre 2018

L'actualité de la chanson française 16 au 22 novembre

Les artistes de la semaine : Bashung, Evelyne Gallet, Dominique Babillotte, Karine Clercq, Bernard Ascal, Yves Uzereau, Flavien Berger

L'album de la semaine : Alain Bashung, En amont

Le clip de la semaine - Flavien Berger - Maddy La Nuit

KARIN CLERCQ

Claude Févre - Karin Clercq, « Madame rêve au ciel »…

Karin Clercq, comédienne, chanteuse, musicienne, n’est visiblement pas de ces artistes qui tâtonnent, hésitent. La signature de ses projets est la marque d’un authentique engagement d’artiste femme. Cet album, neuf ans après le précédent, souligne le trait.

Nous voici à l’écoute de douze chansons entre rock et pop électro, où sa voix distille des textes qui questionnent, certes : Où allons-nous ? Et surtout Pourquoi, cette lancinante liste d’interrogations laissées sans réponse. Des mots  qui font halte quand la souffrance se dit, «Je vacille, je ne tiens plus à rien… Je suis figé, et sous mon écorce, plus de sève pour pleurer », quand on n’en a plus la force, (Tu me dis)…  Mais des mots qui  ne tardent pas à porter haut et fort ses élans de femme libre dont l’interprétation puissante  de Madame  Rêve du regretté Bashung  incarne l’aboutissement. Plus de six minutes où la voix, délicieusement sensuelle, est portée par le  piano, la batterie et des sons intersidéraux.

Nos Enchanteurs - La boîte à musique de Karin Clercq

..... La Boîte de Pandore, c’est le titre du nouvel album de Karin Clercq, dont nous étions sans nouvelles discographiques en solo depuis 2009. La chanteuse bruxelloise nous avait bouleversés avec son premier disque, Femme X (en 2002 déjà, comme le temps passe…), réalisé par Guillaume Jouan, le complice des débuts de Miossec. Après 2 autres albums, recommandables également, elle avait quitté le devant de la scène pour d’autres projets collectifs. Le plaisir n’en est que plus grand de la retrouver aujourd’hui, avec un opus alliant la maturité du propos à l’évidence mélodique.

Froggy's Delight - Karine Clercq, La boïte de Pandore

Une dégringolade de battements, interrompus par l’oscillation d’un cliquetant sur une surface métallisée "Sur le bord de la plage, j’attends depuis des heures, sur le bord de la plage, il fait nuit et j’ai peur, seule sur le rivage, oui nous sommes plusieurs, attendant l’accostage du bateau d’un passeur, je laisserai sur le sable le peu que j’ai encore, je n’ai pris qu’un portable pour partir vers le nord, j’avance, j’avance, le reste n’a plus d’importance, j’avance vers une autre existence" ("J’avance"). Le roulis du bercement des envies d’ailleurs transcende le morceau d’une mélopée intérieure prompte à lever les yeux vers l’horizon. Espoir, quand tu nous tiens

EVELYNE GALLET

Nos Enchanteurs - Evelyne Gallet, bombe à fragmentation

La bio jointe à cet album nous dit qu’Evelyne Gallet « se taille un nouveau costume ». Nouveau, c’est pas dit pour qui la connait, même si ces chansons-là indiscutablement sentent le neuf ; toujours est-il que notre lyonnaise agrandit sa garde-robe avec, ma foi, une garde rapprochée de paroliers-compositeurs qui nous fait plus songer à de la haute-couture qu’au rayon habillement de chez Auchan. Haute-couture et, permettez-moi, haute-culture. Pensez : Patrick Font et Matthieu Côte (deux pour qui la Gallet sera toujours d’une absolue fidélité), Stéphane Balmino, Jeanne Garraud, Frédéric Bobin et désormais Reno Bistan, Lucarne, Martin Luminet, Max Mavégie (que des lyonnais !) et Clément Bertrand, Cédric Laronche, Dimoné et Thibault Defever. Si vous êtes client de la prose des Barbelivien et autres parvenus du tout-venant, ça ne vous dira rien, mais je vous jure, là, qu’on tape dans le haut du tableau, la cime de la chanson, le presque septième ciel. « On s’embrasse puis on s’embarrasse / On baisse la tête / On se dit «mais qui veut de moi ?» / Et toutes ces années on s’est habitué / À très bien faire n’importe quoi / Nous On est pareil que des gens malheureux / On est pareil mais en mieux… » : c’est lumineux, oui c’est Luminet !

BASHUNG

Télérama - Bashung, En amont

Il avait laissé des chansons de côté. Onze d’entre elles nous parviennent presque dix ans après sa mort. La voix se déploie, fragile, à pas feutrés. L’interprétation, elle, est toujours aussi puissante.

Il est des œuvres qui, par nature, défient le regard critique. Leur charge émotionnelle, si forte, ferait presque passer toute tentative d’analyse pour un sacrilège. C’est évidemment le cas ici : de cette voix surgie d’outre-tombe émane un tourbillon de sensations qui troublent forcément l’écoute.

Culturebox - La voix d'Alain Bashung au coeur de l'album posthume "En amont"

Presque dix ans après sa mort survenue le 14 mars 2009, Alain Bashung est de retour sur les ondes avec l'album "En amont". Ce disque posthume regroupe onze chansons inédites, non retenues pour "Bleu Pétrole", le dernier album paru de son vivant, en 2008. Onze titres bouleversants qui permettent de renouer avec sa voix si particulière.

Le Point - En amont, l'album posthume d'Alain Bashung, décrypté titre par titre

Dans les mois qui précèdent Bleu pétrole, paru en 2008, Alain Bashung est à la recherche d'une certaine fraîcheur et de nouvelles inspirations. Il fait alors appel à des auteurs-compositeurs français. Le chanteur reçoit et enregistre de nombreuses chansons. Dans la très belle biographie de Bashung De l'aube à l'aube (éditions Page à Page), le directeur du label Barclay, Olivier Caillard, témoigne : « Il m'a dit : "J'ai tout dit, j'ai besoin qu'on parle à ma place." Il n'avait pas l'inspiration de l'écriture. »

CONCERTS

Libé - Le concert à l’âge industriel

Menacés par les multinationales, les organisateurs indépendants de concerts et de festivals s’inquiètent de la possible émergence d’un «Google du spectacle vivant». Et misent sur l’artistique et l’innovation pour continuer d’exister.

«Etre indépendant est essentiel pour moi. Je ne me vois pas travailler pour une grosse structure internationale comme Live Nation, AEG ou Vivendi !» Julien Catala, directeur de l’agence parisienne Super !, ne mâche pas ses mots. Quelques heures plus tôt, il a signé un accord avec Corida, la filiale spectacles du label indépendant Because (Manu Chao, Christine and the Queens…). Un deal dans lequel Corida et donc Because entrent à hauteur de 50 % dans le capital de Super !

JAMAIT

Nos Enchanteurs - Y croire comme Jamait

Je ne sais si vous connaissez cette chanson d’Allain Leprest, Tout dans le chapeau, qu’il avait offerte à Christopher Murray. Pareillement on a pu croire que Jamait c’était « tout dans la gapette » tant il ne la quittait jamais. Mais ça, c’était avant. Et c’était pas vrai. Prière donc de signaler l’indispensable élément de langage de ce nouvel album : Yves Jamait perd son couvre-chef, sa parure, son repère, sa casquette, son totem. A compter de la pochette de ce septième disque comme désormais en scène.

MIOSSEC

RFI - Miossec, la force du survivant

Réglé comme du papier à musique, Miossec revient tous les deux ou trois ans dans les bacs avec un nouvel album studio. Il y a deux ans, c’était Mammifères, un disque folk et tzigane, voici un opus beaucoup plus pop et au son vintage. Un album sur lequel on retrouve son écriture à la fois sèche et pleine de verve, ses mélodies simples et séduisantes, sa voix empreinte d’une certaine noirceur, mais une énergie plus lumineuse et positive qu’avant, notamment quand il chante le bonheur d’être en scène. Peut-être est-ce cela, la force des survivants ? Le Breton Christophe Miossec présente son onzième album Les Rescapés, chez Columbia/Sony Music.

MAC ORLAN

Nos Enchanteurs - Pierre Mac Orlan en direct des tranchées

« Moi mon colon, celle que j’préfère / C’est la guerre de 14-18 » nous chantait malicieusement le maître de Sète. Alors que nous célébrons le centenaire du terme de cette immense boucherie, parmi les innombrables ouvrages sortis des presses ou squattant les petits écrans, retenons de notre côté un CD touchant par sa modestie.

FLAVIEN BERGER

RFI - L’odyssée poétique de Flavien Berger

Avec son deuxième disque, Contre-Temps, le génial Flavien Berger, geek artistique, livre un petit bijou sonore où s’entremêlent pop, électro, musique classique, etc : une bande-originale très personnelle qui côtoie les étoiles et la beauté des petits riens.

Flavien Berger parle et réfléchit vite. Dans son cerveau, sous ses longs cheveux, lorsque ses yeux bleus s’allument comme un signal, ça fulmine sec, les neurones s’agitent et les connexions s’établissent à la vitesse de l’éclair.

BABILLOTTE

Claude Févre - Dominique Babilotte, « En baie de St Brieuc, quelque part sur la Manche… »

Ce disque est arrivé, orné, comme un paquet cadeau, d’un bout de ruban rouge. Dire d’abord que c’est un bel objet, promesse de textes choisis, délicatement illustrés. La couverture s’ouvre en plein milieu du baiser, entre les deux bouches rouges, pour laisser apparaître le chanteur, visage levé vers nous, chemise blanche se découpant sur le bleu de la mer. Le soleil est là et fait plisser les yeux.

« Ici le temps s’arrête à chacune de ses secondes / En baie de St Brieuc, un soleil s’est posé. »

Nous écoutons la belle voix profonde et sûre, au premier plan d’un habillage musical qui ne l’écrase jamais mais l’escorte. Cette voix, bien sûr, a les accents de Serge Reggiani, celui que Dominique Babilotte porte en lui. Intimement. D’ailleurs il lui rend un hommage appuyé à la fin de la chanson Alcool… « Les loups, ouh, ouh… » Mais on trouverait aussi parfois des réminiscences de Michel Jonasz ou Maxime Leforestier, quand  la voix se fait plus tendre, caressante, comme pour le dernier titre. C’est dire si nous sommes en terres familières, surtout quand on vint au monde dans ces temps enfuis où « la mémoire de la guerre s’insinuait partout ».

Nos Enchanteurs - Promesse tenue de Babilotte

Une constante apparait dans le parcours discographique de Dominique Babilotte : Le Baiser de Jean-Yves Lebon illustre la pochette de son premier 33 tours La Putain et le Chanteur, en 1985, puis celle de son premier CD Patchworld, en 2002, enfin il se devait d’ouvrir le très bel album La Promesse du Baiser, fraichement sorti du pressage.

VANESSA PARADIS

Télérama - Vanessa Paradis, Les sources

Cinq ans après un disque produit et largement écrit par Benjamin Biolay (Love Songs), Vanessa a demandé à son nouveau chéri de travailler avec elle. Ah bon ? De Samuel Benchetrit, on savait qu’il était metteur en scène, comédien, auteur de livres et de scenarios ; pas qu’il savait faire des chansons. Le CV est désormais à jour, puisqu’il signe ou cosigne la moitié des douze titres de l’album — réalisé par Paul Butler de The Bees, groupe britannique qui pui­se ses influences dans les sixties.

AZNAVOUR

Nos Enchanteurs - Les premiers et insolites hommages à Aznavour

Avant que l’industrie lourde du showbiz et des majors ne s’en mêlent, signalons deux initiatives, l’une locale, l’autre à diffusion nationale, ayant trait à Charles Aznavour.

La première est un concert tribute, non des habitués audiovisuels, jeunes loups de la variété, collègues de bureau ou chanteurs cherchant à sa maintenir dans le coup. Non, ce ne sont que des artistes moins en vue, pas « vus à la télé », tant que nous-mêmes, à NosEnchanteurs, nous ne les connaissons que peu, voire pas du tout. Des qui peut-être seront un jour « en haut de l’affiche » mais qui, pour l’heure et sans réel enjeu, rendent un sincère hommage au grand artiste récemment disparu.

UZUREAU

Nos Enchanteurs - Uzureau chante (très bien) Brassens : vous allez l’entendre et maintenant le voir

« Si quelqu’un n’a jamais entendu parler de Georges Brassens, qu’il le dise maintenant, ou qu’il se taise à tout jamais ». Même si forcément on en connaît, parfois par cœur, tous les titres, ce CD-là il nous le faut. Parce que cette pochette-là, y’a rien de plus beau : un alphabet redessiné à l’image de chansons de Brassens. On doit cette nouvelle et élégante typographie à Margot Nadot, qui a aussi assuré la conception graphique du livret.

C’est un CD, c’est aussi un DVD (filmé et monté par notre ami Eric Nadot, de Tranches de scènes). En fait la captation son et images d’un récital qu’Uzureau tourne depuis désormais vingt ans et qu’il importait de consigner, pour mémoire, pour le plaisir, le nôtre.

12:00 Publié dans | Lien permanent