Télérama : Quand Brigitte Fontaine parle, on l’écoute Portrait | Elle chante, elle écrit, elle déclame… Brigitte Fontaine, c'est tout un poème. Elle est l'invitée de “Ça rime à quoi”, sur France Culture.
dimanche, 18 novembre 2012
Au lieu de commenter l'émission, on se contenterait bien, pour une fois, d'en relever quelques extraits. Un échange, par exemple, entre l'invitée et son hôte : « S'il m'arrive de me croiser dans un miroir, je ne me reconnais pas… – Et dans vos mots, vous vous reconnaissez ? – Oui. » Le ton est donné : il est ici question d'écriture. De poésie. Du rapport intime, voire sensuel, qu'un auteur entretient avec les mots. « L'écriture, en vers ou en prose, est une grande jubilation. C'est le seul effort que j'accepte. […] L'alexandrin, c'est trop facile, je n'en fais pas : il n'y a qu'une rime tous les douze pieds ! […] Rimbaud est mon grand chéri. Villon, un genre de frère. Baudelaire, Dieu lui pardonne, mais je l'adore… […] Brassens est un vieux con académique ; Ferré, lui, est un poète… » On écoute, captivé, et parfois en souriant, ce phrasé haché ponctué d'étranges grognements… Brigitte Fontaine – qui d'autre pourrait sérieusement parler ainsi ? – est l'invitée de France Culture, à l'occasion de la sortie de son dernier livre, le dix-neuvième, Portrait de l'artiste en déshabillé de soie (1). N'allez pas traquer de jeu de mots, le déshabillé existe – « il m'a été offert il y a longtemps par Jacques Higelin. Bon… je ne sais plus où il est. » Tant pis. Ce que Fontaine n'a jamais perdu, c'est la nécessité des mots. Ceux qu'on lit, comme ceux qu'on écrit.
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